Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Depuis quatre ans.

— Vous n’avez pas d’enfants ?

— Non, répondit-elle d’une voix brève.

Litvinof se tut un moment.

— Et jusqu’à votre mariage vous avez toujours vécu chez ce…, comment l’appelez-vous déjà, chez ce comte Reuzenbach ? Irène le considéra attentivement ; elle semblait vouloir se rendre compte du motif de cette question ; il ignorait donc tout.

— Non, répondit-elle enfin.

— Par conséquent, vos parents… je ne vous en ai pas encore parlé. Ils sont…

— Ils sont bien portants.

— Ils habitent, comme auparavant, Moscou ?

— Comme auparavant.

— Et vos frères ? vos sœurs ?

— Ils vont bien ; je les ai tous placés.

— Ah ! — Litvinof regarda Irène obliquement. — En réalité, Irène Pavlovna, ce n’est pas moi, c’est vous qui auriez beaucoup à m’apprendre, si seulement…

Il ne savait plus comment achever sa phrase. Irène, approchant ses mains de son visage, se mit à tourner son anneau nuptial.

— Je ne m’y refuse pas, fit-elle à la fin. Je le veux bien, un jour… Mais c’est d’abord votre tour… parce que, voyez-vous, quoique je vous aie suivi de loin, je ne sais pourtant pas grand’chose sur vous, tandis que sur moi vous avez sûrement en-