Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/145

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

moins bonnes connaissances, comme si rien n’était jamais arrivé…

— Comme si rien n’était arrivé !… répéta Litvinof. Vous venez de me dire, Irène Pavlovna, que je ne veux pas oublier les jours écoulés… et si je ne pouvais les oublier…

Un rapide sourire effleura le visage d’Irène, mais fut immédiatement remplacé par une expression préoccupée, presque effrayée.

— Faites comme moi, Grégoire Mikhailovitch, ne vous souvenez que de ce qui était bien ; donnez-moi seulement votre parole, votre parole d’honneur…

— De quoi ?

— De ne pas me fuir, de ne pas me blesser inutilement… Vous me le promettez, dites ?

— Oui.

— Et vous chasserez de votre tête toute mauvaise pensée ?

— Oui… mais je ne puis toujours pas vous comprendre.

— Cela n’est pas nécessaire… du reste, attendez, vous me comprendrez. Mais vous me promettez ?

— J’ai déjà dit oui.

— Merci. Faites-y attention, je suis habituée à vous croire. Je vous attendrai aujourd’hui, demain je ne sortirai pas. Maintenant il faut que je vous laisse ; la duchesse se promène dans l’allée ; elle m’a vue, je dois l’aborder. Au revoir. Donnez-moi vite votre main, vite, vite, au revoir.

Et après avoir serré la main de Litvinof, Irène se