Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/187

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puis consentir. Vous pouvez maintenant vous retirer, mais promettez-moi, donnez-moi votre parole d’honneur, que vous ne partirez pas sans m’avoir vue encore une fois.

— Vous le désirez ?

— Je l’exige. Si vous partez sans me voir, jamais, jamais je ne vous le pardonnerai, entendez-vous, jamais ! C’est étrange ! ajouta-t-elle comme à elle-même : je ne puis m’imaginer que je suis à Bade… je me figure être à Moscou… Allez.

Litvinof se leva.

— Irène Pavlovna, dit-il, donnez-moi la main. Irène secoua la tête.

— Je vous ai dit que je ne veux pas vous dire adieu…

— Ce n’est pas en signe d’adieu que je la demande.

Irène allait tendre la main, mais elle regarda Litvinof… pour la première fois après son aveu, et la retira.

— Non, non, murmura-t-elle, je ne vous donnerai pas la main. Non… non. Allez.

Litvinof salua et sortit. Il ne se rendait pas compte du refus d’Irène de lui accorder un dernier serrement de main amical, il ne comprenait pas pourquoi elle craignait de le faire. Il sortit, et Irène s’enfonça de nouveau dans son fauteuil, et, de nouveau se cacha le visage.