Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/242

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XXI


« Il vaut mieux n’y pas penser, » se répétait Litvinof, marchant dans la rue et sentant que le tumulte intérieur se soulevait en lui de nouveau. « L’affaire est décidée. Elle tiendra sa promesse, il ne me reste qu’à prendre les dispositions nécessaires… Pourtant, elle a l’air d’hésiter ! » Il secoua la tête. Ses résolutions s’offraient à son propre esprit sous un jour bizarre ; elles lui semblaient forcées et invraisemblables. On ne peut pas agiter longtemps les mêmes pensées ; insensiblement elles se modifient ; c’est comme la lorgnette du kaléidoscope où les images changent sans cesse et peu à peu. Litvinof fut pris d’une immense fatigue.

Il aurait eu bien besoin de se reposer au moins une petite heure, mais Tania ? Il frissonna, et, sans discuter davantage, il gagna la maison en se disant qu’il devait ce jour-là bondir comme une balle de l’une à l’autre. Il fallait en finir.

Rentré chez lui, il monta chez Tatiana presque sans émotion, sans hésitation. Capitoline Markovna vint à sa rencontre. Du premier coup d’œil il vit