Page:Tourgueniev - Fumée.djvu/292

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de son « esprit fantasque. » C’est la phrase usuelle à son égard, et, comme toute phrase, elle renferme une dose de vérité. Et ce n’est pas seulement les jeunes gens qui ont peur d’elle, mais encore des hommes mûrs, haut placés, voire des personnages. Nul ne sait faire remarquer plus exactement et plus finement le côté ridicule ou faible de chaque caractère ; il n’est donné à personne de le stigmatiser ainsi d’un mot… Et ce mot est d’autant plus incisif qu’il sort d’une bouche parfumée et riante… Il est difficile de dire ce qui se passe dans cette âme, mais, parmi la foule de ses adorateurs, la renommée n’accorde à aucun d’eux le titre d’élu.

Le mari d’Irène avance rapidement dans le chemin que les Français appellent celui des honneurs. Le général obèse le dépasse ; le mielleux demeure en arrière. Dans la même ville qu’habite Irène, végète également notre ami Sozonthe Potoughine ; il ne la voit que rarement. La jeune enfant confiée à ses soins vient de mourir. Il n’a plus besoin d’entretenir de relations avec Madame Ratmirof.


FIN