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Page:Tourgueniev - Mémoires d’un seigneur russe.djvu/127

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D’UN SEIGNEUR RUSSE. H1

ai su leurs noms, et je demande humblement au lecteur autorisation de l’introduire dans le cercle de mes jeunes ôtes. Le premier de ces enfants, le jeune Fédia, est un garan à qui vous donneriez bien quatorze ans. C’est un jouanceau dont les traits sont fins et corrects, dont les cheveux mt naturellement bouclés, dont l’œil est brillant, le regard nr, le visage animé par un sourire empreint de sérieux

de jovialité.. Tout en lui semblait annoncer qu’appartenant

une famille aisée, il n’allait ainsi bivaquer dans la steppe ne volontairement et pour son plaisir. Il avait sur lui ne chemise-blouse d’indienne bariolée, bordée d’un cordon 1d’une broderie rustique jaune ; et, par-dessus, un petit ariiak neuf dont il n’avait pas passé les manches, de sorte he ce vêtement glissait souvent sur ses épaules un peu étrois ; sa chemise était assujettie par une ceinture bleue d’où zndait un petit peigne de corne. Ses bottes, dont les tiges ne tentaient que jusqu’au mollet, étaient bien ses bottes et non ns celles de son père ’.

Le second enfant, Paul ou Pavloucha, avait une chevelure tire ébouriffée, des yeux gris, les pommettes fortes, un int blème et marqué de rousseurs, la bouche grande mais tgulière, la tête énorme, ou, selon une comparaison toute ïOrel, grosse comme une chaudière à bière, un corps ratassé et trapu. A vrai dire, il n’y avait pas àlouerceluiylà de abonne mine ; ce qui n’empêcha pas ce jeune garçon de me Iairebeaucoup. C’est qu’il avait le regard franc et spirituel, est que le timbre toujours net de sa voix annonçait je ne tis quoi de ferme dans le caractère. Son costume n’était as plus élégant que sa coiffure ; il consistait en une chemise ile et grossière avec des culottes rapiécées aux genouxet la ceinture.

I. Dansles campagnes, une paire de bottes achetée par le père à lametre de son pied sert fréquemment à la femme, aux filles et aux jeunes trçons ; il s’agit seulement de demander au père la permission de les tellre. On voit souvent passer, même dans les capitales, les jours de luie, tout un troupeau de jeunes villageoises en grands atours, et hacune une paire de bottes à la main ou sur le dns en sautoir ; cela a On air ; elles ont chacune les bottes de ·leur famille ; seulement, ümme il plent ; elles n’osent les chausser.- (