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198, LIEHOIRES

les cimes, les arbres gémirent, de grosses gouttes de pluie fouettèrent bruyamment. les feuilles, le tonnerre-retentit, l’éclair brilla, l’ouragan se déchaîna. La pluie tomba en averse. Je n’allais plus qu’au pas ; force me fut de m’arrêter ; mon cheval s’était embourbé, et je ne voyais plus à deux pas. Je gagnai comme je pus un abri de feuillage ; là, tout courbé, et le visage enveloppé, je m’armais de patience pour attendre la fin de l’orage, quand bientôt, à la lueur d’un éclair, j’entrevis sur le chemin une haute figure d’homme, dont je suivis avec attention les mouvements etla direction ; cette figure semblait croître en avançant près de monléger véhicule. · · t-Quit

est là ? cria une voix sonore. ·

-· Toimême, qui es-tu ? répondis-je. ·.. L. - Je suis le garde-forêt. » »

Je me nommai ; il dit : « Ah ! je sais. Vous retournez chez vous ? ~.. ’

— Oui, je le voudrais. Voilà un ouragan, frère !.. — En-effet, il est bon. » ’ t

Un• éclair blafard illumina le forestier de la tête aux pieds. Un couptde foudre sec et rapide suivit immédiatement l’éclair. La pluie cingla l’atmosphère avec un redoublement lie violence. ’ ·’ A,

Il y en a tpour longtemps, dit le’forestier. ·, — Que faire-à cela ! ’ «, ’

— Voulez-·vous q-ue je vous mène ~chez » moi’ ? dit-il. brusquement. - ·, ’ · ’ ·

— Tu me feras plaisir. · ’

’ - Remontez donc sur votre siège. » Il avança vers la tête du cheval, le prit par le mors et le tira de biais hors de la mare. Nous nous mîmes en mouvement. Je me tenais accroché au coussin, qui suivait difficilement les ondulations d’un banc tourmenté comme l’est une * barque de sauvage sur la mer..l’avais du chagrin a voir. ma pauvre Diane pétrir la boue, glisser dedans, s’eu dépétrer pour y rentrer plus loin, mais sans s’écarter en quelque t sorte du courant de mon haleine et du son de ma voix. Le forestier, en avant des brancards, inclinait tantôt à gauche ;, I ’ ’ ’

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