d’une fleur des champs ; sa mantille légère avait glissé de ses épaules sur ses bras, et les larges rubans de son chapeau se collaient sur sa poitrine. Bazarof marchait derrière elle, d’un pas assuré, avec insouciance, comme toujours ; mais l’expression de sa figure, quoique gaie et même affectueuse, ne plut pas à Arcade. Après lui avoir jeté un « bonjour » prononcé entre les dents, Bazarof entra dans sa chambre ; madame Odintsof serra la main d’Arcade d’un air distrait et passa aussi devant lui.
— Bonjour ? pensa Arcade… Est-ce que nous ne nous sommes pas déjà vus aujourd’hui ?
XVII
Le temps qui vole souvent comme un oiseau, se traîne d’autres fois comme une tortue ; mais il ne semble jamais plus agréable que lorsque l’on ne sait s’il va vite ou lentement. C’est précisément ainsi que Bazarof et Arcade passèrent près de quinze jours chez madame Odintsof. L’ordre qu’elle avait établi dans sa maison et dans son genre de vie contribuait sans doute beaucoup à cela. Elle l’observait rigoureusement pour son compte, et afin d’y obliger les autres, elle usait au besoin de despotisme. Tout se faisait à heure fixe dans la maison. Le matin, à huit heures précises, toute la société se réunissait pour prendre le thé ; chacun était ensuite libre de ses actions jusqu’au déjeu-