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— Je vous assure que ma calèche est très-commode, continua-t-il, et il y aura place pour tout le monde.

— Ne chagrinez pas M. Sitnikof par un refus, dit Anna Serghéïevna.

Arcade la regarda et s’inclina profondément.

Le départ eut lieu après le déjeuner. Au moment des adieux, madame Odintsof tendit sa main à Bazarof et lui dit :

— Au revoir. N’est-ce pas ?

— Comme vous le voudrez.

— Dans ce cas, nous nous reverrons.

Arcade descendit le premier l’escalier ; il s’établit dans la calèche de Sitnikof. Le maître d’hôtel l’aida respectueusement à y monter, et lui, il se sentait assez disposé à le battre ou à pleurer. Bazarof monta dans le tarantass. Lorsqu’on fut arrivé au hameau de Khoklov, Arcade attendit que le maître de l’auberge, Fédote, eût attelé ses chevaux au tarantass ; il s’approcha alors de la voiture et dit à Bazarof avec la cordialité d’autrefois :

— Eugène, prends-moi avec toi, j’ai envie de t’accompagner.

— Monte, lui répondit Bazarof entre ses dents.

Lorsque Sitnikof, qui tournait en sifflant autour des roues de la calèche, eût entendu ces mots, il ouvrit la bouche toute grande d’étonnement ; Arcade prit tranquillement sa malle, s’assit à côté de Bazarof, salua poliment Sitnikof et cria :