Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/71

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Bazarof prit l’enfant dans ses bras, et celui-ci, au grand étonnement de Fénitchka et de Douniacha, ne s’y opposa nullement et ne parut pas effrayé.

— Effectivement ! je vois…, ça ne sera rien ; il aura une fameuse mâchoire. S’il lui arrivait quelque chose, faites-moi appeler. Et vous-même, êtes-vous bien portante ?

— Mais oui, grâce à Dieu.

— Il est toujours bon de rendre grâce à Dieu, la santé est le premier des biens. Et vous ? ajouta Bazarof en s’adressant à Douniacha.

Douniacha, fille très-réservée au logis et très-folâtre au dehors, éclata de rire pour toute réponse.

— Allons ! c’est bien. Tenez, je vous rends votre gros luron.

Fénitchka reprit l’enfant.

— Comme il a été tranquille dans vos bras ! reprit-elle à voix basse.

— Tous les enfants en font de même lorsque je les prends, répondit Bazarof, j’ai un secret pour cela.

— Les enfants sentent qui les aime, dit Douniacha.

— C’est vrai, ajouta Fénitchka. Mitia ne se laisse pas porter par tout le monde.

— Aimerait-il à être pris par moi ? demanda Arcade qui se tenait à distance ; et il entra dans le berceau.

Il voulut prendre Mitia, mais celui-ci rejeta la tête en arrière et se mit à crier, à la grande confusion de Fénitchka.