— Il se laissera faire une autre fois, lorsqu’il sera habitué à moi, dit Arcade avec bonté ; et les deux amis s’éloignèrent.
— Comment m’as-tu dit qu’elle s’appelait ? demanda Bazarof.
— Fénitchka… Fédossia, reprit Arcade.
— Et son nom patronymique ? Il est toujours bon de savoir cela.
— Nikolaïevna.
— Benè. Ce qui me plaît en elle, c’est qu’elle ne paraît pas trop embarrassée. Il y a des gens qui le trouveraient mauvais. C’est absurde. Pourquoi serait-elle embarrassée ? Elle est mère, donc elle a raison.
— Sans doute, reprit Arcade ; mais mon père ?
— Lui aussi est dans son droit.
— Ce n’est pas mon avis.
— Il paraît que tu ne tiens pas à partager l’héritage ?
— Comment n’as-tu pas honte de me supposer une pareille pensée ! s’écria Arcade avec feu. Ce n’est nullement à ce point de vue que je me place pour blâmer mon père ; je trouve qu’il aurait dû l’épouser.
— Hé ! hé ! dit Bazarof d’un ton calme ; quelle grandeur d’âme ! Tu prêtes encore une signification au mariage ; je ne te croyais pas de cette force-là.
Les deux amis firent quelques pas sans se parler.
— J’ai visité attentivement vos biens, reprit Bazarof. Le bétail est en mauvais état et les chevaux ne valent