Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
86
PREMIER AMOUR

Louchine rougit, détourna la tête en pinçant les lèvres, mais finit par avancer sa main. Elle le piqua, et, effectivement, il se mit à rire. Elle riait aussi en enfonçant assez profondément l’épingle et en plongeant son regard dans ses yeux qu’il cherchait vainement à fixer ailleurs.

Ce que je comprenais le moins, c’étaient les rapports existant entre Zinaïda et le comte Malevsky. Il était beau, homme du monde et intelligent, mais quelque chose d’équivoque, de faux, se révélait en lui, même à mes yeux, à moi garçon de seize ans ; et je m’étonnais que Zinaïda ne s’en rendît pas compte. Cependant, il était possible qu’elle eût le sentiment de cette fausseté, mais cela ne produisait pas un mauvais effet sur elle. Une éducation mal dirigée, des fréquentations et des habitudes étranges, la présence constante de la mère, la pauvreté et le désordre de la maison, tout,