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PREMIER AMOUR

d’autres idées. Je me souviens seulement qu’une fois l’explication terminée, elle me fit appeler dans son cabinet, et, d’un ton très désagréable, me parla de mes fréquentes visites chez la princesse, laquelle, à son avis, était une femme capable de tout.

Les larmes de Zinaïda me déroutaient complètement. Je ne savais pas du tout à quelle idée m’arrêter ; et j’étais prêt à pleurer moi-même. J’étais toujours un enfant malgré mes seize ans. Je ne pensais plus à Malevsky ni à Belovzrov, bien que ce dernier devînt chaque jour plus hardi et regardât le comte comme un loup regarderait une brebis. Je ne pensais à rien ni à personne. Je me perdais dans ces réflexions et je cherchais toujours des endroits isolés. Plus que tout j’aimais la serre en ruines ; je montais sur le mur élevé, je m’asseyais là, de l’air d’un adolescent, si malheureux, si abandonné, si triste, que j’arrivais à