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PREMIER AMOUR

clairement… « Faut-il lui parler de l’affaire d’hier ? pensais-je ; lui demander où elle courait si précipitamment, pour savoir enfin… » Mais je fis de la main un geste de découragement et je m’assis isolé dans un coin.

Belovzorov entra. J’étais satisfait de le voir.

— Je ne vous ai pas trouvé un cheval de selle assez tranquille, dit-il d’un ton brusque ; Freitag m’en garantit un, mais je n’en suis pas sûr. J’ai peur.

— De quoi avez-vous peur ? Oserai-je vous demander ? dit Zinaïda.

— De quoi j’ai peur ? Mais vous ne savez pas monter à cheval. Dieu garde qu’il arrive un accident… Et à propos de quoi, cette fantaisie qui vous est venue dans la tête ?

— Ça, c’est mon affaire ! S’il en est ainsi, je vais prier Pietr Vassilievitch… (On appelait mon père Pietr Vassilievitch, je m’étonnais qu’elle prononçât si librement et si faci-