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PREMIER AMOUR

imagination délirait : « Le jardin, la fontaine » pensais-je. « Et si j’allais au jardin. » Promptement je m’habillai et me glissai hors de la maison.

La nuit était sombre ; les arbres chuchotaient à peine ; du ciel tombait une fraîcheur paisible ; du potager arrivait la senteur du fenouil. Je fis toutes les allées ; le bruit faible de mes pas me gênait à la fois et m’encourageait ; je m’arrêtais, j’attendais ! J’écoutais les battements forts et précipités de mon cœur ; enfin je m’approchai de la haie et je m’appuyai contre un pieu.

Tout à coup, n’était-ce qu’une illusion ? je vis une silhouette de femme. Je regardai fixement dans l’obscurité en retenant mon souffle. « Qu’est-ce donc ? Sont-ce des bruits de pas que j’entends, ou bien encore les battements de mon cœur ? »

— Qui est là ? balbutiai-je à peine.