Page:Tourgueniev - Premier Amour, trad. Halpérine-Kaminsky.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
PREMIER AMOUR

« Qu’y a-t-il ? Est-ce un rire étouffé, un bruit de feuilles, que j’ai entendu, ou un soupir près de mon oreille ? » J’avais peur.

— Qui est là ? répétai-je encore plus bas.

L’air se troubla un instant. Sur le ciel se dessina une rayure claire ; une étoile filait.

— Zinaïda ? voulus-je crier, mais le son mourut sur mes lèvres. Soudain tout redevint immobile autour de moi, comme il arrive souvent au milieu de la nuit ; les grillons eux-mêmes arrêtèrent leur crépitement dans les arbres ; on entendit seulement le bruit d’une fenêtre qui se fermait. J’attendis encore et retournai enfin dans mon lit refroidi.

Je sentais une agitation étrange comme si je revenais d’un rendez-vous où je me serais trouvé seul, en passant à côté du bonheur d’un autre.