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PREMIER AMOUR

jeune barine ? Donnez-les-moi donc, je vais les tenir un peu.

Je ne lui répondis pas ; il me demanda du tabac. Pour me débarrasser de lui d’autant plus que mon impatience augmentait, je fis quelques pas dans la direction où mon père s’était éloigné ; j’allai jusqu’au bout de la ruelle, je tournai le coin et je m’arrêtai. Dans la rue, à quarante pas de moi, devant la fenêtre ouverte d’une petite maison en bois, mon père se tenait debout ; il me tournait le dos. Il était penché sur l’appui de la fenêtre, tandis que dans la maisonnette, à demi cachée par les rideaux, une femme vêtue d’une robe sombre était assise et s’entretenait avec mon père. Cette femme c’était Zinaïda.

J’étais stupéfait. Je ne m’attendais aucunement à cela. Mon premier mouvement fut de me sauver. « Mon père va se retourner, pensai-je, et je suis perdu. » Mais un sentiment