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PREMIER AMOUR

légers, rapides, comme les ombres des nuages dans un jour de vent et de soleil, passaient sans cesse dans ses yeux et sur ses lèvres.

Chacun de ses adorateurs lui était nécessaire. Belovzorov, qu’elle appelait parfois « mon fauve » et parfois tout simplement « le mien », se serait jeté au feu pour elle, sans hésiter. N’ayant pas confiance dans ses facultés intellectuelles, ni dans ses autres qualités, il proposait toujours à la jeune fille de l’épouser, lui donnant à entendre que les autres ne faisaient que la courtiser.

Maïdanov satisfaisait les côtés poétiques de son âme. En homme assez froid comme presque tous les écrivains, il mettait tout ce qu’il avait de force à l’assurer, elle et lui-même, qu’il l’adorait. Il la chantait dans des vers sans fin qu’il lui lisait avec un transport à la fois emphatique et sincère. Elle avait pour lui une sympathie parfois un peu moqueuse.