Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/108

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avec beaucoup de facilité, parce qu’elles n’ont point de poignet. Ils mettent le doliman par dessus la chemise ; c’est une espece de soutane de boucassin, de bourre, de satin, ou d’une etoffe d’or, laquelle descend jusques aux talons. En hiver cette soutane est piquée de cotton, quelques Turcs en ont de drap d’Angleterre du plus fin. Le doliman est assez juste sur la poitrine, et se boutonne avec des boutons d’argent doré ou de soye, gros comme des grains de poivre. Les manches sont aussi fort justes et serrées sur les poignets avec des boutons de même grosseur, qui s’attachent avec des ganses de soye au lieu de boutonnieres, de même que ceux du doliman. Pour s’habiller plus promptement on n’en boutonne que deux ou trois d’espace en espace : ces manches se terminent quelquefois par un petit rond qui couvre le dessus de la main. Le doliman est serré par une ceinture de soye de dix ou douze pieds de long, sur un pied et un quart de large ; les plus propres se travaillent à Scio. On fait deux ou trois tours de cette ceinture, en sorte que les deux bouts qui sont tortillez d’une maniere assez agréable, pendent par devant.

Ils portent un poignard, et quelquefois deux dans cette ceinture ; ce sont des couteaux à gaine, dont le manche est garni d’or ou d’argent, et de pierreries. Comme ils n’ont point de poches, la même ceinture leur sert à porter leurs mouchoirs. Ils mettent tout dans leur sein, bourse à tabac, porte-lettres etc, ce qui les fait paroître fort gros. La grande veste couvre ce doliman, et pendant les chaleurs ils la portent en maniere de casaque sans passer les bras dans les manches ; mais ce seroit une chose fort indécente de se présenter en cette posture chez les gens de distinction. Les manches de ces vestes sont assez étroites et l’on ne les double pas de fourrures, car outre que