Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/133

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tie de ces eaux, quoique la moins considérable passe dans le port de Constantinople ou de l’ancienne Byzance, et suivant le tour du couchant elle vient se rendre vers le fond qu’on appelle les Eaux douces. Polybe même et Xiphilin ont crû que ces eaux réfléchies formoient ce fameux Port que les anciens ont admiré sous le nom de la Corne d’Or à cause des richesses qu’il apportoit à cette puissante ville. Ce qui passe donc des eaux du canal dans le port de Cosntantinople, fait un courant qui suit le tour des murailles de la ville ; tout le reste se dégorge dans la mer de Marmara entre le Serrail et Chalcedoine.

Mr le Comte Marsilly a observé, que les deux petites rivieres des Eaux douces faisoient un courant dans le port de Constantinople, du Nord-ouest à l’Est, lequel balayant, pour ainsi dire, les côtes de Galata et de Topana, se continüoit par celle de Fondoxli jusques vers Arnautcui en remontant le canal du côté des Châteaux, c’est à dire par un cours opposé au grand courant : il n’est pas surprenant aprés cela que les bateaux montent à la faveur de ce petit courant, tandis que les autres descendent en suivant le cours du grand. Il y a apparence que les eaux qui sortent du port heurtant de biais contre le grand courant, se glissent vers le Nord ; au lieu que ce grand courant les entraîneroit ou les repousseroit si elles se presentoient d’un autre sens. Mr le Comte Marsilly a aussi remarqué qu’il y avoit un petit courant dans l’enfoncement de la côte de Scutari ; de sorte que les eaux du grand courant qui frappent contre le Cap de Scutari, se réfléchissent vers le Nord. Suivant les observations de ce sçavant homme, les eaux du grand courant étant parvenües au Cap Modabouron, remontent le long de la côte de Chalcedoine vers le Cap de Scutari, et font une autre espece de courant.