Aller au contenu

Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/191

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’on nous donneroit des gens de sa maison, quand nous le souhaiterions, pour nous accompagner dans nos promenades ; En un mot qu’il favoriseroit nos recherches autant qu’il le pourroit. Il nous presenta le bras pour lui toucher le poux, et fit apporter ensuite le caffé et le tabac. Nous lui offrimes réciproquement ce qui dépendoit de nostre ministere ; il en fut quitte pour deux saignées et pour une purgation pendant toute la route.

Nous sentimes bientost la difference qu’il y avoit entre la mer Noire et l’Archipel. Quoique nous fussions au 17 Avril, il ne cessoit pas de pleuvoir, au lieu que dans l’Archipel il ne pleut gueres passé le mois de Mars. Il fallut donc nous isoler par un fossé qui vuidoit les eaux dont nôtre tente étoit environnée ; d’ailleurs le vent du Nord qui commençoit à souffler n’échauffoit pas nôtre logement, et la pluye continüoit par grosses ondées : néanmoins nous ne laissions pas de courir avec plaisir, tantôt sur les côtes, tantôt dans les terres, et sur tout le long du ruisseau, qui devenoit si marécageux qu’il falloit à tous momens revenir sur nos pas, de crainte de nous engager dans des lieux impénetrables : nous fumes enfin contraints de nous tenir sur les hauteurs ; mais nous les épuisâmes en cinq ou six jours. C’est alors que le vent du Nord et la pluye commencerent à nous chagriner. On jugea à propos d’entrer plus avant dans la riviere, bien loin de se mettre en mer, et nous fumes épouvantez de voir qu’on ne pensoit qu’à faire des provisions. Les gens du Pacha nous offrirent fort honnêtement de la viande ; mais nous en envoiâmes chercher, comme les autres, à deux journées du camp. Rien n’adoucit plus nos peines, que deux Plantes admirables, dont voici la description.

Thymelæa Pontica, Citrei foliis. Coroll. Inst. rei Herb. 41.