Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/22

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nairement dans la cavalerie, qui est aussi la retraite de ceux qui n’ont pas le don de perséverance ; car la grande contrainte et les coups de bâton leur font bien souvent passer la vocation ; aussi la troisieme chambre est réduite à environ deux cens pages, au lieu que la premiere est de quatre cens.

La quatrieme chambre n’est que de quarante personnes, bien faites, polies, modestes, éprouvées dans les trois premieres classes : leur paye est double et va jusques à neuf ou dix aspres par jour. On les habille de satin, de brocard ou de toile d’or, et ce sont proprement les Gentilshommes de la chambre. Ils font leur cour avec beaucoup d’application, et peuvent fréquenter tous les Officiers du Palais ; mais le Prince est leur Idole : car ils sont dans l’âge propre à soupirer après les charges et les honneurs : il y en a quelques uns, qui ne quittent le Prince que lorsqu’il entre dans l’appartement des Dames, comme ceux qui portent son sabre, son manteau, le pot à l’eau pour boire et pour faire les ablutions, celui qui porte le sorbet, et celui qui tient l’étrier quand sa Hautesse monte à cheval ou qu’elle en descend. Les autres Officiers de la chambre, qui sont moins attachez à la personne du Prince, sont le Maître de la Garderobe, le premier Maître d’Hôtel, le premier Barbier, celui qui coupe les ongles, celui qui prend soin du turban du Prince, le Secretaire de ses commandemens, le Contrôlleur général de sa maison, le premier Intendant des chiens. Tous ces Officiers aspirent aux premieres charges avec raison, car il est naturel de recompenser ceux que l’on voit à tous momens.

Rien ne paroît plus propre à former d’habiles gens que l’éducation que l’on donne aux pages du Serrail : on les fait passer, pour ainsi dire, par toutes les vertus ; neanmoins malgré ces soins, lorsqu’on les avance dans les