Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/229

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chargez de feüilles moins arrondies et découpées encore plus menu ; les derniéres qui se trouvent vers l’extrémité des branches, lesquelles sont assez serrées les unes contre les autres, n’ont qu’environ demi pouce de long sur demi ligne de large, et sont ordinairement toutes simples, ou n’ont au plus qu’une ou deux divisions. Les fleurs naissent en abondance tout le long des branches et des brins qui sont plus cotoneux et plus blancs que le reste de la plante. Chaque fleur est un bouton de deux lignes de long composé de feüilles tres menuës posées en écailles et couvertes d’un duvet assez épais, lesquelles enveloppent sept ou huit fleurons d’un jaune pâle, tres menus, divisez en cinq pointes dans l’endroit où ils s’évasent ; ils laissent échaper une petite gaine plus foncée, au travers de laquelle déborde un filet verdâtre. Chaque fleuron porte sur un embryon de graine, qui ne meurit que dans l’arriere saison ; elle est tres-petite et brune. On cultive cette espece d’Absinthe dans le Jardin du Roy depuis plus de 20 ans, et je ne sçai d’où elle y est venüe. Peut-être que quelque Missionnaire en a apporté la graine des côtes de la mer Noire. La racine de cette espece d’Absinthe est dure, ligneuse, roussatre, divisée en fibres ondoyantes et cheveluës. Les feüilles et les fleurs sont d’une tres-grande amertume. Leur odeur est moins forte que celle de l’Absinthe commune qui se trouve naturellement dans les Alpes, et que l’on cultive dans tous les jardins de l’Europe.

Charatice Capitaine Mahometan surprit Sinope et la pilla, dans le dessein d’enlever les thresors que les Empereurs y avoient mis en dépost ; mais il fut obligé d’abandonner la place sans toucher aux richesses, sur l’ordre du Sultan son maître qui recherchoit l’amitié d’Alexis Comnene, et qui lui avoit envoyé un Ambassadeur. Le