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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/230

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gouvernement de la ville fut donné à Constantin Dalastene parent de l’Empereur, et le plus grand Capitaine de ce temps-là. Lorsque les François et les Venitiens se rendirent maîtres de Constantinople, Sinope tomba sous la puissance des Comnenes, et fut une des principales villes de l’Empire de Trebisonde. Sinope devint dans la suite une Principauté indépendante de Trebisonde ; et ce fut apparemment quelque Sultan qui en fit la conquête dans le temps qu’ils se répandirent dans l’Asie mineure, car Ducas rapporte que Mahomet II étant à Angora en 1461. y fut salüé, et reçeut les presens d’Ismael Prince de Sinope, par les mains de son fils. Mahomet lui ordonna de faire savoir à son pere qu’il eût à lui remettre ses États ; le compliment étoit un peu dur, mais la flote Turque paroissant devant la ville, fit prendre à Ismael le parti d’obéir. Calcondyle assûre qu’il fit un échange de sa Principauté avec la ville de Philippopolis en Thrace, quoiqu’il y eût 400 pieces d’artillerie sur les remparts de Sinope. Par le même traité Mahomet acquit Castamene ville tre forte, laquelle dépendoit de la même Principauté. Les Turcs qui reprochent aux Chrétiens de se faire entre eux de cruelles guerres, ne sont pas bien instruits de l’Histoire de leur Empire ; car les premiers Sultans n’ont pas fait difficulté de dépoüiller les premiers Mahometans dont les terres étoient, comme l’on dit, de leur bienséance. Tout le monde sçait qu’ils n’ont conquis l’Asie mineure que sur des Princes de leur religion qui s’étoient erigez en petits Souverains aux dépens des Grecs.

On ne sçauroit passer par Sinope sans se souvenir du fameux Philosophe Diogene le Cinique : ce Diogene dont Alexandre admiroit les bons mots en étoit natif. Vous sçavez, Msgr, qu’Alexandre dit un jour à ses Courtisans, qu’il souhaiteroit être Diogene, s’il n’étoit pas Alexan-