Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/235

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lances à la main, car l’epoque ρξθ revient à celle d’Auguste. Des paysans qui travailloient à des cordes nous apporterent quelques Médailles assez communes, parmi lesquelles il s’en rencontra une de la ville d’Amisus qui me parut assez rare ; d’un côté c’est la teste de Minerve, de l’autre c’est Persée qui vient de couper la teste à Meduse. Nous avons remarqué plus haut qu’Amisus étoit une Colonie d’Athenes ; sans doute qu’on y réveroit encore cette Minerve, et comme elle avoit eû beaucoup de part à l’expédition de Persée, on avoit répresenté sur le revers une des plus grandes actions de ce Heros.

On ne sçauroit passer sur ces côtes, sans se souvenir que le Casalmac arrosoit une partie de cette belle plaine de Themiscyre où les fameuses Amazones ont eû leur petit Empire, s’il est permis de parler ainsi de ces femmes que l’on traite d’imaginaires ; cependant Strabon qui les place dans ces quartiers-là, assûre que le Thermodon arrosoit le reste de leur pays. Cette riviere rappelle agréablement l’idée de ces Heroïnes dont peut-être on a avancé bien des fables ; quoiqu’il en soit la veüe de cette côte ne laissa pas que de nous réjoüir. C’est un pays plat couvert de Bois et de Landes qui commencent depuis Sinope ; au lieu que de Sinope à Constantinople le pays est élevé en collines qui sont d’une verdure admirable.

Le 13 May nous campâmes encore sur les côtes des Amazones, fort mal-contens de nos recherches, car nous n’y trouvâmes aucune plante rare ; et c’est à quoi nous faisions le plus d’attention, qu’à tout ce qu’on a dit de ces femmes illustres. Nôtre journée ne fut pas plus heureuse le lendemain, car la pluye nous fit perdre tout nôtre temps. On voulut nous persuader le 15 que nous avions fait 50 milles, mais nous les trouvâmes bien courts, et nous entrâmes de fort bonne heure dans la riviere de Tetradi