Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/236

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que les Turcs appellent Chersanbaderesi. Le lendemain nous nous retirâmes dans celle d’Argyropotami, en Turc Chairguelu, qui n’est qu’à 40 milles de Tetradi.

Nous eûmes une tres grande joye ce jour-là, et plus grande même que si nous eussions rencontré des Amazones ; cependant ce n’étoit qu’une espece d’Elephant d’un pied et demi de haut dont toutes les hayes étoient remplies. C’est une plante qu’il faut placer sous le genre d’Elephant avec Fabius Columna le plus exact de tous les Botanistes du siecle passé. La fleur de ce genre de plante ressemble si fort, par sa trompe, à la teste d’un Elephant, qu’on ne sauroit s’empécher d’entrer dans la pensée de ce savant homme. Souffrez, Msgr, que je vous en envoye la description ; car l’espece d’Elephant qui vient sur les côtes de la mer Noire, n’est pas précisement celle que Columna a trouvée dans le Royaume de Naples.

D’une racine chevelüe, roussâtre et qui trasse, s’élevent plusieurs tiges hautes d’un pied et demi ou deux, épaisses d’environ une ligne et demie, quarrées, vert pâle, parsemées de petits poils, creuses d’un nœud à l’autre, relevées à leur naissance de quelques tubercules blanchâtres assez plats, ridez, charnus, longs de deux ou trois lignes et posez presque en maniére d’écailles. Les feüilles naissent deux à deux opposées en croix avec celles de dessus et celles de dessous, longues depuis un pouce jusques à deux, sur 9 ou 10 lignes de largeur, traversées par une côte accompagnée de nerfs assez gros, presque paralleles entre eux, lesquels se courbent et se subdivisent à mesure qu’ils avancent vers les bords. Ces feüilles d’ailleurs sont de même tissure que celles de la Pediculaire à fleur jaune, vert-brun, chagrinées au dessous, relevées de petits poils de chaque côté, légerement crenelées, et soutenües par un pedicule mince long de deux lignes. Des aisselles de ces