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main environ à la même heure qu’il avoit commencé, de sorte que les soldats se levérent le troisiéme et le quatriéme jour, mais en l’état qu’on est aprés avoir pris une forte medecine.

Diodore de Sicile rapporte le même fait dans les mêmes circonstances. Il y a toute apparence que ce miel avoit eté succé sur les fleurs de quelqu’une de nos especes de Chamærhododendros. Tous les environs de Trebisonde en sont pleins, et le Pere Lambert Missionnaire Theatin, convient que le miel que les abeilles succent sur un certain arbrisseau de la Colchide ou Mengrelie, est dangereux et fait vomir. Il appelle cet arbrisseau Oleandro Giallo, c’est à dire Laurier-Rose jaune, lequel sans contredit est nôtre Chamærododendros Pontica maxima, Mespili folio, flore luteo. La fleur, dit ce Pere, tient le milieu entre l’odeur du musc et celle de la cire jaune. Cette odeur nous parut approcher de celle du Chevrefeüille, mais incomparablement plus forte.

Les Dix mille furent receûs à Trebisonde avec toutes les marques d’amitié que l’on donne à des gens de son pays lorsqu’ils reviennent de bien loin ; car Diodore de Sicile remarque que Trebisonde étoit une ville grecque fondée par ceux de Sinope qui descendoient des Milesiens. Le même auteur assûre que les Dix mille séjournérent un mois dans Trebisonde, qu’ils y sacrifiérent à Jupiter et à Hercule, et qu’ils y celebrérent des jeux.

Trebisonde apparemment tomba sous la puissance des Romains, lorsque Mithridate se trouva dans l’impuissance de leur résister. Il seroit inutile de rapporter de quelle maniére elle fut prise sous Valerien par les Scythes, que nous connoissons sous le nom de Tartares, si l’Historien qui en parle n’avoit décrit l’état de la place. Zozime donc remarque que c’étoit une grande ville bien peuplée,