Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tes rares que nous avions observées plus d’une fois, des Mauves ordinaires, du Plantain, de la Parietaire, et surtout du Boüillon-blanc, du Velar et de cette Plante que l’on vend à Paris pour le cours de ventre, sous le nom de Thalitron. Nous croyions être revenus en Europe, cependant nous arrivâmes insensiblement à Cars aprés une marche de sept heures.

Cars est la derniere place de la Turquie sur la frontiere de Perse, que les Turcs ne connoissent que sous le nom d’Agem. Je me trouvai embarrassé un jour chez le Beglierbey, qui me fit demander ce que l’on disoit en France de l’Empereur d’Agem ? Heureusement il me souvent d’avoir lû dans Cornuti que le Lilac de Perse s’appelloit Agem Lilac, et cela me fit comprendre qu’Agem devoit signifier la Perse. Pour revenir à Cars, la ville est bâtie sur une côte exposée au Sud-Sud-Est. L’enceinte en est presque quarrée et un peu plus grande que la moitié de celle d’Erzeron. Le Château de Cars est fort escarpé sur un rocher tout au haut de la ville. Il paroît assez bien entretenu, mais il n’est deffendu que par des vieilles tours. Le reste de la place est comme une espece de theatre, au derriere duquel il y a une vallée profonde, et escarpée de tous côtez et par où passe la riviere. Cette riviere ne va pas à Erzeron, comme l’a crû Sanson, au contraire elle vient de cette grande Plaine par où l’on arrive d’Erzeron à Cars, et tombe de ces montagnes où nous rencontrâmes des voleurs pour la première fois. Aprés avoir serpenté dans cette Plaine elle vient se rendre à Cars, où elle forme une Isle en passant sous un pont de pierre, et suit la vallée qui est derriere le Château. Non seulement elle y fait moudre plusieurs moulins, mais elle en arrose les jardins et les champs. Enfin elle se joint à la riviere d’Arpagi, laquelle ne coule pas loin de là ; et