Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/362

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ci-devant. L’Arpagi va se rendre dans l’Araxe, l’Araxe se joint au Kur, et la mer Caspienne reçoit toutes ces differentes eaux. L’Arpagi passe pour une des rivieres des plus poissonneuses du pays ; quelques-uns prétendent qu’elle sert de frontiere aux deux Empires : mais ce n’est pas à nous à en décider, en tout cas il ne s’agit que d’un quart de lieuë de terrein.

On monta à cheval le 17 Juillet à trois heures et demi du matin, et l’on campa sur les dix heures dans une grande plaine, aprés avoir passé sur des montagnes assez hautes, où le froid se faisoit sentir vigoureusement. Tout le pays est herbu, mais les arbres en sont bannis depuis long-temps. Parmi les Plantes que nous y observâmes, on découvrit une espece d’Aconit semblable à celui que l’on appelle Tüeloup. Les tiges de celle dont nous parlons forment une pyramide de fleurs, haute d’environ un pied et demi. Chaque fleur est blanche. Le casque qui a 15 lignes de haut, est arrondi par le bout et large de trois lignes. Les crosses sont purpurines. On voit, sur quelques pieds, des fleurs qui tirent fur le blanc-sale.

Le 18 Juillet nous partîmes à quatre heures et demi, et nous marchâmes jusques à midi. Le changement des paysages nous surprit si agréablement, que nous crûmes être arrivez dans un nouveau monde. Ce n’étoit que Bois de haute futaye entremêlez de taillis, parmi lesquels s’élevoient des Chesnes, des Hestres, des Ormeaux, des Tilleuls, des Erables, des Fresnes, des Charmes à grande et petite feüille. On y distinguoit des Epines blanches, des Sureaux et des Iëbles. Les Noisetiers, les Poiriers, les Pruniers, les Pommiers, les Framboisiers et les Fraisiers n’y étoient pas rares. Qui se seroit attendu à voir de si belles choses ? On moissonnoit le bled dans le fond de la vallée où nous campâmes. Nous commençâmes à voir