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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/372

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mans que le Roy lui fait, et en ce qu’il retire ou de la Doüanne de Teflis ou des entrées de l’Eau de vie et des Melons ; le tout va à prés de 500 Tomans, sans compter ce qu’il exige sous pretexte de régaler les Grands qui passent par Teflis. Le pays lui fournit des moutons, de la cire, du beurre et du vin. Pour les moutons il en retire un par an de chaque feu, ce qui fait le nombre de 40 mille moutons ; car quoiqu’il y ait soixante mille feux en Georgie, on ne nourrit des troupeaux que dans quarante mille maisons. A l’égard du vin, on en donne quatre mille sommes au Prince ; une somme pese quarante Batmans, le Batman est de six oques.

Les Sequins de Venise, qui ont cours par tout l’Orient, valent dans Teflis six Abagis chacun et trois Chaouris ou Sains. Le Sequin vaut sept livres dix sols monnoye de France, ainsi l’Abagi vaut environ vingt et deux sols ; quatre Chaouris font un Abagi. Cette monnoye semble avoir retenu le nom de ces anciens peuples d’Iberie qu’on appelloit Abasgiens. Il est vrai qu’on écrit Abassi, quoiqu’on prononce Abagi, c’est à dire monnoye frappée au nom du Roy Abas. Ainsi le Chaouri revient à 5 sols 6 deniers ; Un Usalton vaut demi Abagi ou deux Chaouris, c’est à dire 11 sols. Un Chaouri ou Sain vaut 10 Aspres de cuivre ou Carbequis, dont 40 font un Abagi. Enfin une Piastre vaut dix Chaouris et demi.

Les Georgiens et les Armeniens payent la Capitation au Roy de Perse sur le pied de six Abagis par teste. Cette Capitation est affermée 300 Tomans. On presente au Roy en hommage quatre Faucons tous les ans, sept esclaves tous les trois ans, et vingt-quatre charges de vin ; mais on ne laisse pas de lui en envoyer beaucoup plus ; outre cela la pluspart des belles filles du pays sont destinées pour son Serrail. Les Georgiens sont grands yvrognes et