Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/377

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sur cette côte et fait une espece de quarré, dont les côtez descendent jusques au fond de la vallée ; mais la moitié des murailles sont ruinées et ne vallent pas celles du Bois de Vincennes, quoiqu’en dise Mr Chardin. Le Palais du Prince, qui est au dessous de la Citadelle, est fort ancien et assez bien ordonné pour le pays. Les Jardins, les Volieres, le Chenil, la Fauconnerie, la Place et le Bazar qui sont au devant, meritent qu’on y jette les yeux. On nous fit entrer dans un nouveau salon assez agréable, quoiqu’il ne soit que de bois. Il est percé de tous cotez et fermé par de grands carreaux de verre bleu, jaune, grifdelin, etc. On y a mis quelques glaces de Venise, mais petites et qui n’aprochent pas de la beauté de celles de Paris. Le plafond est à compartimens de cuir doré. On nous assûra que l’appartement des femmes étoit encore plus beau ; je ne fçai par quelle avanture la clef s’en trouva égarée, cependant on paroissoit avoir bonne envie de nous le faire voir. La Cour étoit à la campagne dans ce temps-là. Le Prince ne se portoit pas trop bien, à ce qu’on disoit, et ce fut une des principales raisons qui nous obligea à partir de Teflis, de peur qu’il ne lui prît envie de nous retenir auprés de lui pour prendre soin de sa santé, comme cela arrive quelquefois dans le Levant.

Du Palais nous allâmes voir les Bains qui n’en sont pas éloignez. Ce font de belles sources dont la chaleur est supportable à peu prés comme celle des eaux d’Elija auprés d’Erzeron. Dans les Bains de Teflis il y a de l’eau tiede et de la froide, outre la chaude. Ces Bains sont bien entretenus et font presque tout le divertissement des Bourgeois de la ville. Leur plus grand commerce est en fourrures que l’on envoyé en Perse ou à Erzeron pour Constantinople. La Soye du pays, de même que celles de Schamaki et de Gangel, ne passent point par Teflis, pour