Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/400

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la veritable conversion des Schismatiques, dont le nombre est infiniment plus grand que celui des Armeniens Romains. Ces malheureux Schismatiques, par leur credit et par leur argent, feroient déposer un Patriarche qui donneroit les mains à la réunion. La haine qu’ils ont pour les Latins paroît irréconciliable : enfin soit par envie, soit par interest, les Prestres schismatiques Armeniens ou Grecs veulent commander absolument chez eux, et les Patriarches sont obligez de leur céder, de peur que la populace ne se souleve.

L’Architecte qui a donné le dessein de l’Eglise Patriarchale êtoit un fort habile Maître, suivant je ne sçai quelle tradition des Armeniens, qui prétendent que ce fut Jesus-Christ lui-même qui en traça la Plan en présence de Saint-Gregoire, et qui lui ordonna de l’éxecuter. Au lieu de crayon, à ce qu’ils disent, Jesus-Christ se servit d’un rayon de lumiere, au centre duquel Saint Gregoire faisoit sa priere sur une grande pierre quarrée, d’environ trois pieds de diametre, que l’on montre encore aujourd’hui au milieu de l’Eglise. Si cela est, le Seigneur y employa un ordre d’architecture assez singulier ; car les dômes et les clochers sont en pavillon d’entonnoir renversé, et terminez par une croix.

Les deux autres Eglises sont hors du Monastere, mais elles tombent en ruine, et l’on n’y fait plus le service depuis long-temps. Celle de Sainte Caiane est à droite du Couvent, supposé qu’on y entre par la grande porte, et non par celle des Refectoires. L’autre Eglise qui est à gauche et bien plus éloignée de la maison, porte le nom de Sainte Repsime. On pretend chez les Armeniens que Caiane et Repsime étoient deux Vierges Romaines qui furent martyrisées sur les lieux où sont bâties leurs Eglises. On fait même descendre Sainte Caiane, de je ne sçay