Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/409

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de la plaine ; les maisons mêmes s’étendent dans une des plus belles vallées de Perse, et dont les prairies sont entremêlées d’arbres fruitiers et de vignobles. Les bourgeois d’Erivan sont assez simples pour croire que leurs vignes sont encore de l’espece de celle que Noé y planta. Quoiqu’il en soit, elles produisent de fort bon vin, et cela fait mieux leur éloge, que si on les faisoit descendre de celles du bon Patriarche. La vallée est arrosée par de belles sources, et les maisons de campagne y sont presque aussi nombreuses qu’aux environs de Marseille. Il n’y a que le haut des collines qui deshonore le pays par se secheresse, mais la vigne y feroit des merveilles s’il y avoit assez de monde pour la cultiver. Les meilleures terres sont couvertes de grains, de Coton et de Ris, ce dernier est principalement destiné pour Erzeron. Les maisons d’Erivan ne sont qu’à un étage en terrasse, bâties de boüe et de Torchis à la maniére des autres villes de Perse. Chaque maison est enfermée dans une enceinte isolée, quarrée, anguleuse ou arrondie, haute d’environ une toise. Les murailles de la ville, quoiqu’à double rempart en plusieurs endroits, n’ont gueres plus de deux toises d’élévation, et ne sont deffenduës que par de méchants ravelins arrondis, épais de quatre ou cinq pieds. Toutes ces pieces, de même que les murailles, sont de boüe sechée au soleil, sans être terrassées. Les murailles du Château qui est au haut de la ville, ne valent guere mieux, quoiqu’elles soient à triple rang. Le Château qui est presque ovale, renferme plus de huit cens maisons occupées par des Mahometans ; car les Armeniens qui y travaillent pendant le jour viennent coucher à ville. On nous assûra que la garnison de ce Château êtoit de 2500 hommes, la pluspart gens de métier. La Place est {est} imprenable du côté du Nord, mais c’est l’ouvra-