Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

reçûs ceux à qui il seroit permis, aprés avoir ruiné les Provinces par leurs concussions, d’imiter en cela la conduite des Turcs.

La milice a le privilege de n’être jugée que par ceux qui la commandent, ou par leurs officiers subdéleguez. Pendant les quatre heures que dure le Divan de Constantinople, les Spahis et les Janissaires sont dans la seconde cour sous les galeries, où ils gardent un silence profond, et tiennent chacun à la main un bâton d’argent doré. Le Colonel de la cavalerie, et celui de l’infanterie y rendent justice chacun à leurs soldats, ausquels il est défendu, pour éviter le desordre, de sortir de leurs places sans être appellez : s’ils ont quelques Requêtes à presenter, ils les remettent à deux de leurs compagnons, qui sont destinez pour aller et pour venir. Ce privilége authorise de grands maux dans les Provinces : car la plûpart des scelerats se mettent parmi les Janissaires pour éviter le châtiment de leurs crimes.

J’ai oublié de vous dire, Monseigneur, qu’il y a un cabinet à côté de la sale du Divan occupé pendant le Conseil par plusieurs officiers, tels que sont les Garde rolles des revenus du Grand Seigneur ; celui qui enregistre tout ce qui entre dans le thresor public, ou qui en sort ; celui qui est préposé pour faire peser, et pour éprouver les especes. Le Chiaoux-Bachi et le Capigi-Bachi vont et viennent dans la cour pour executer les commandemens du Grand Visir.

Les Ambassadeurs ont toûjours leurs audiences du Grand Seigneur un jour de Divan, et ils y sont introduits par le Capitaine des gardes qui est de service : l'Ambassadeur se met sur un placet vis-à-vis le Grand Visir, et l'entretient en attendant que l'on serve à dîner : aprés cela l'on fait porter dans la sale les presens que l'Ambassadeur doit faire. Lorsque le Grand Visir et les autres officiers du Di-