Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/422

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percez dans le fond, et qui reçoivent dans cet endroit le pistille que leur fournit un calice haut de deux lignes, découpé en cinq parties. Ce pistille devient un fruit semblable à celui du grand Lizeron blanc, long de quatre lignes sur trois lignes de diametre, membraneux, vert-pâle, puis roussatre, terminé par une petite pointe, et composé de deux pieces, dont la supérieure est une espece de calote : il renferme ordinairement quatre graines aussi grosses que celles du Lizeron dont on vient de parler. Ces graines sont arrondies sur le dos, anguleuses de l’autre costé, longues d’une ligne et demi, épaisses d’une ligne et comme séparées en deux lobes par une membrane tres-menüe, échancrées en bas et attachées à un placenta spongieux et gluant.

Ces graines ne sont autre chose que des vessies membraneuses, dans chacune desquelles se trouve pliée en spirale ou limaçon, une jeune plante de Cuscute. Cette jeune plante est un cordon vert-gai, long de demi pouce, épais d’un quart de ligne dans son commencement, mais qui diminuë jusques à la fin, attaché par son bout le plus épais à un placenta spongieux et gluant, lequel est en partie dans la capsule, et en partie dans le calice. Peut-être que le Créateur a voulu, par l’exemple de cette Plante, nous faire connoître que les embrions des plantes étoient renfermez comme en miniature dans les germes de leurs semences ; et qu’ainsi les graines étoient comme autant de vescies où la jeune plante toute formée n’attendoit, pour se rendre sensible, qu’un peu de suc nourricier qui en fît gonfler les parties. Il y a de grands exemples dans la nature qui nous feroient connoître la structure des choses les plus cachées, si nous y faisions assez d’attention. Mr Malpighi avoit un talent merveilleux pour profiter de ces sortes d’observations ; ce n’est en effet que sur plusieurs obser-