Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/497

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ton pastoral ; au lieu que les Evêques qui ne sont pas Docteurs prêchent debout. Les Vertabiets vivent de la quête que l’on fait pour eux aprés le sermon, et cette quête est considérable, sur tout dans les lieux où les Caravanes se reposent. Ces Predicateurs gardent le celibat et jeûnent fort rigoureusement les trois quarts de l’année, car ils ne mangent alors ni œufs, ni poisson, ni laitage. Quoiqu’ils parlent dans leurs sermons, moitié langue litterale et moitié langue vulgaire, ils ne laissent pas souvent de prêcher en langue vulgaire pour mieux se faire entendre : mais la Messe, le chant de l’Eglise, la vie des Saints, les paroles dont on se sert pour l’administration des Sacremens, sont en langue litterale.

Les Curez et les Prêtres Seculiers se marient de même que les Papas Grecs, et ne sçauroient passer à de secondes noces ; aussi choisissent-ils des filles dont le teint promette une longue vie et une forte santé. Ils travaillent tous à quelque mêtier pour gagner leur vie et pour entretenir leur famille, et cela les occupe si fort qu’à peine sçavent-ils faire les fonctions Ecclesiastiques. Pour approcher de l’autel plus purement, ils sont obligez de coucher dans l’Eglise la veille des jours qu’ils doivent celebrer.

Les Religieux Armeniens sont ou Schismatiques ou Catholiques. Les Schismatiques suivent la Regle de Saint Basile ; les Catholiques celle de Saint Dominique. Leur Provincial est nommé par le Géneral des Dominicains qui se tient à Rome. Environ l’an 1320 le P. Barthelemy Dominicain réunit beaucoup d’Armeniens à l’Eglise Romaine que le Pape Jean xxii. gouvernoit alors, et ce grand Missionnaire y établit plusieurs Couvents de son Ordre ; il y en a encore quelques-uns dans la Province de Nacsivan entre Tauris et Erivan. Mr Tavernier en a compté