Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/500

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monie du cordon se fait, disent-ils, en memoire du sang et de l’eau qui sortirent du côté de Jesus-Christ lorsqu’il receut le coup de Lance sur la Croix. On ne baptise que le Dimanche, à moins que l’enfant ne soit en danger de mort, et le Prêtre impose toujours le nom du Saint du jour, ou de celui duquel on doit faire la fête le lendemain, supposé qu’il n’y ait point de Saint particulier le jour du baptême. La Sage-femme porte l’enfant à l’Eglise, mais c’est le Parrain qui le rapporte chez la mere au son des tambours, des trompettes, et des autres instrumens du pays. La mere se prosterne pour recevoir son enfant, et le Parrain dans ce temps-là baise le dessus de la tête de la mere ; ensuite on se met à table avec les parens, les amis, et le Clergé. Il faut que le Clergé soit de la fête, parce que les Armeniens croyent qu’il n’y a que les Prêtres qui puissent baptiser valablement dans quelque rencontre que ce soit. J’ai même oüi dire qu’il y avoit des Prêtres qui baptisoient les enfans morts, et je n’ai pas de peine à le croire, puisqu’ils ne donnent l’Extrême-Onction qu’aux trépassez.

Les Baptêmes qui se font le jour de Noël sont les plus magnifiques, et l’on renvoye à ce jour-là les enfans dont la santé permet qu’on differe la céremonie. Les fêtes les plus célebres se font principalement dans les lieux où il y a quelque étang ou quelque riviere. On dresse pour cela un petit autel sur un bateau tout couvert de beaux tapis ; le Clergé s’y rend dés que le soleil se leve, accompagné des parens, des amis et des voisins pour qui l’on prépare des bateaux ornez de même. Quelque rude que soit la saison, aprés les priéres ordinaires, le Prêtre plonge l’enfant trois fois dans l’eau, et lui fait les onctions. Les peres n’en sont pas quittes à bon marché, car la fête se passe en festins et en présens ; aussi y a-t-il beaucoup de