Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/522

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que, le noyau est verd et renferme une graine moëlleuse comme l’espece commune.

Le 23 Septembre nôtre marche fût de 8 heures et demi ; on trouva à la sortie du Caravanserai une montagne fort haute, fort rude et toute pelée ; mais nous entrâmes ensuite dans une grande et belle Plaine où nous campâmes auprés d’un village appellé Curtanos. Le 24 nous partîmes à 4 heures du matin de la plaine de Curtanos, et passâmes sur une montagne et dans des vallées fort rudes où coule, à droite du chemin, une riviere toute rouge par le grande quantité de Bol qu’elle détrempe. Elle serpente par des défilez fort dangereux où à peine des bêtes de somme peuvent passer les unes aprés les autres. Ces défilez nous conduisirent enfin au pied d’autres montagnes toutes herissées de pointes, sur la plus haute desquelles est bâtie la ville de Chonac ou Couleisar, petite Place disposée en amphitheatre, et terminée par un vieux château. La riviere, qui paroît toute sanglante, passe au bas de la montagne et rend le passage encore plus affreux. Les environs sont horriblement escarpez, mais on change tout d’un coup de situation, car passé Chonac on entre dans une des plus belles vallées d’Asie, remplie de vignobles et de vergers. Ce changement auquel on ne s’attend pas naturellement, fait un contraste fort agréable qui dure jusqu’à Agimbrat ou Agimourat petite ville à une heure et demi de Chonac. Agimbrat est sur une montagne semblable à un pâté écrasé, au pied duquel passe la même riviere. Un rocher s’éleve à côté de la ville, sur lequel est un ancien château ruiné qui gardoit anciennement ce passage de la vallée. Nous ne vîmes que des belles Plantes pendant toute cette journée ; les vignobles sont mêlez de Peschers, d’Abricotiers, et de Pruniers. Nôtre gîte fut tres-agréable, c’est un beau Caravanserai au