Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/529

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different entre elles que par la grosseur de leurs fruits, dont quelques-uns ont un pouce de diametre, et les autres n’ont que 7 ou 8 lignes d’épaisseur. Ces sortes d’arbres qui ne sont pas plus hauts que nos Pruniers, ont le tronc gros comme la cuisse, couvert d’une écorce grisatre et comme gersée. Les branches en sont touffuës, terminées par des piquans fermes, noirâtres et luisans. Les feüilles naissent par bouquets, semblables à celles de l’Azarolier, longues d’un pouce et demi, vert-pâle, veluës, cotonneuses des deux côtez, découpées en trois parties, dont celle du milieu est refenduë en trois, et celle des côtez recoupée en deux. Les fruits naissent 4 ou 5 ensemble, relevez de cinq coins arrondis, rouges, velus, avec un nombril garni de cinq feüilles pointuës ; ils sont aigrelets et plus agréables que celui de l’espece précedente ; leur chair est jaunâtre et renferme cinq osselets fort durs remplis d’une moëlle blanche.

Le 26 Septembre nous partîmes sur les cinq heures, et nous ne nous arrêtames qu’à midi ; ce ne fut pas sans nous ennuyer car on marche toujours dans la même vallée qui, pour ainsi dire, est à ondes et de laquelle on croit sortir à tout moment, quoiqu’elle fasse tant de tours et de détours, que nous y campâmes encore ce jour-là sur le bord d’une riviere. On voit, sur ce chemin, des Tombeaux de pierre bâtis à la Turque sans mortier. On nous asseûra qu’on y avoit enterré des pauvres marchands assassinez, car cette route étoit autrefois une des plus dangereuses de l’Anatolie ; présentement les gens du pays qui de temps en temps dévalisent quelques petites Caravanes, tirent sur les voleurs étrangers et les ont presque tous dissipez ; ils ont pour maxime que chacun doit voler sur ses terres, ainsi l’on risqueroit beaucoup d’y passer sans bonne escorte ; d’ailleurs le pays est fort agréable, et j’ay oublié de dire