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familles d’Armeniens, trois ou quatre cens familles de Grecs, douze Mosquées à minarets, et une infinité de chapelles Turques. Les Armeniens y ont sept Eglises, les Grecs n’ont qu’une méchante chapelle, quoiqu’ils se vantent qu’elle a eté batie par l’Empereur Justinien. Elle est gouvernée par un Metropolitain dépendant de l’Archevêque de Nicsara, ou pour mieux dire, de Neocæsarea anvienne ville presque ruinée, à deux journées de Tocat.

Nicsara est encore la Metropole de Cappadoce, et l’on n’oubliera jamais que dans le troisiéme siécle elle a eû pour Pasteur Saint Gregoire Thaumaturge, ou le faiseur de Miracles. Niger et quelques autres Geographes n’ont pas eû raison de confondre cette ville avec Tocat. L’Archevêque de Nicsara a la cinquiéme place parmi les Prelats qui sont sous le Patriarche de Constantinople.

Outre les soyes du pays qui sont assez considérables, on consomme à Tocat, tous les ans, 8 ou 10 charges de celles de Perse. Toutes ces soyes s’employent en petites etoffes, en soye à coudre, ou à faire des boutons. Ce commerce est assez bon ; mais le grand negoce de Tocat est en vaisselle de cuivre, comme Marmites, Tasses, Fanaux, Chandeliers, que l’on travaille fort proprement et que l’on envoye ensuite à Constantinople et en Égypte. Les ouvriers de Tocat tirent leur cuivre des mines de Gumiscana, qui sont à trois journées de Trebisonde et de celles de Castamboul qui sont encore plus abondantes, à dix journées de Tocat du côté d’Angora. On prepare encore à Tocat beaucoup de peaux de maroquin jaune, que l’on porte par terre à Samson sur la mer Noire, et de là à Calas port de Valachie. On y en porte aussi beaucoup de rouges, mais les marchands de Tocat les tirent du Diarbec et de la Caramanie. On nous assura qu’on teignoit les peaux jaunes avec le Fustet, et les rouges avec la Garance. Les