Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/57

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perdu de son ancienne reputation : on leur donne aujourd’hui la bastonade sous la plante des pieds, de crainte que si on les foüettoit ils ne pûssent pas monter à cheval ; et par une raison opposée on foüette les Janissaires, parce qu’ils ont besoin de leurs pieds dans les marches.

Quand le Grand Seigneur va commander ses armées, il fait distribuer de grosses sommes aux Spahis. On met un Spahi et un Janissaire en sentinelle à chaque corde de sa tente, et autant à celle du premier Visir. Les autres Cornettes de ce corps sont, la blanche, la blanche et rouge, la Cornette blanche et jaune, et la Cornette verte : mais les Spahis les plus illustres sont ceux qu’on appelle Mutafaraca, qui tirent quarante aspres de paye par jour. L’Empereur est leur Colonel, ils sont destinez pour l’accompagner, et sont environ cinq cens.

A l’égard des autres cavaliers, qu’on appelle Zaims et Timariots, ce sont des Chevaliers à qui le Grand Seigneur donne à vie des Commanderies appellées Timars, à condition qu’ils entretiendront un certain nombre de cavaliers pour son service. Les premiers Sultans étant les maîtres des Fiefs de l’Empire, les erigérent en Baronies ou Commanderies pour récompenser les services des plus braves, et sur tout pour lever et pour entretenir des troupes sans débourser de l’argent : mais Solyman II. établit l’ordre et la discipline parmi ces Chevaliers ou Barons de l’Empire, et l’on regla par ses ordres le nombre des cavaliers que chacun d’eux seroit obligé d’entretenir. Ce corps a été non seulement tres-puissant, mais tres-illustre par tout l’Empire. L’avarice qui est le vice ordinaire des Orientaux, l’a fait tomber depuis quelques années. Les Viceroys et les Gouverneurs de Provinces font si bien par leurs intrigues à la Cour, que les Commanderies mêmes qui sont hors de leurs gouvernemens, sont données à leurs