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C’est un village, à cinq heures de Pruse, dans une plaine bien cultivée et bien peuplée ; aprés laquelle on ne trouve que des bois de chênes grands et petits de differentes especes. Nous laissâmes tout ce jour-là le mont Olympe à nôtre gauche. C’est une horrible chaine de montagnes, sur le sommet desquelles il ne paroissoit encore que de la vieille neige et en fort grande quantité.

Il y a long temps, Msgr, que je n’ai eû l’honneur de vous parler Botanique, quoique nous ayions veû de tres-belles Plantes depuis Tocat, mêlees avec la pluspart de celles que nous avions observées en Armenie, et avec plusieurs autres qui ne sont par rares en Europe. En approchant du mont Olympe on ne voit que des Chênes, des Pins, du Thym de Crete, du Ciste à Ladanum, d’une autre belle espece de Ciste, que I. Bauhin a nommé Ciste de Crete à larges feüilles, lequel non seulement vient à la campagne de Montpellier, mais à l’Abbaye de Fontfrede, et dans tout le Roussillon. C. Bauhin remarque avec raison, que Belon l’a observé sur le mont Olympe, mais Bauhin l’a confondu avec le Ciste à Ladanum, dont Belon et Prosper Alpin ont fait mention. L’Aune, l’Ieble, le Cornoüiller mâle et femelle, la Digitale à fleur ferruginée, le Pissenlit, la Chicorée, le petit Houx, la Ronce sont communes aux environs du mont Olympe : mais combien d’autres choses rares n’y a-t-il pas ? Il faut les réserver pour l’Histoire des Plantes du Levant, à laquelle j’espere travailler quelque jour.

Nous arrivâmes enfin à Pruse, aprés cinq heures de marche dans des défilez couverts de bois, lesquels vont aboutir aussi à cette belle plaine qui est au Nord du mont Olympe. On commence à y voir des Plantes et des Chataigniers aussi hauts que les Sapins qui sont sur la montagne. A la verité les Landes sont un peu gâtées par les