maigres et ingrates. Le 8 nous couchâmes à Caragamous aprés une traite de dix heures, au travers d’une des plus belles plaines d’Asie, inculte pourtant, sans arbres, assez seche, quoique marécageuse en quelques endroits, et entrecoupée de collines assez basses. Les vieux marbres, qui sont dans les cimetieres, marquent bien qu’il y avoit là anciennement quelque fameuse ville ; mais comment en découvrir le nom, supposé qu’il se puisse trouver encore dans quelque Inscription ? On ne s’y repose nulle part, et les voituriers ne songent qu’à eviter les voleurs.
Le 9 Novembre nous poursuivîmes nôtre route pendant sept heures dans la même plaine. On y découvre plusieurs villages, dont les champs sont arrosez par une petite riviere qui serpente agréablement. On s’arrêta à Mounptalat dans un mauvais Kan au lieu d’aller, comme nous le souhaitions, à Eskissar qui est à une lieüe de là. Tous les lieux que les Turcs appellent Eskissar sont remarquables par leur antiquité, de même que ceux que les Grecs nomment Paleocastron, car ces deux mots signifient un vieux Château. On nous asseûra qu’Eskissar étoit une assez bonne ville remplie de vieux marbres : elle est à gauche du grand chemin de Pruse ; ne seroit-ce point la celebre Pessinunte ? La marche du 10 Novembre fut de 12 heures, parmi de belles plaines bordées de petits bois. Nous fumes logez agréablement à Boutdouc dans un Caravaserai couvert de plomb, de même que le dôme de la Mosquée. Les Cimetieres n’y manquent pas de colomnes, et l’on ne voit que vieux marbres dans le village, mais sans Inscriptions. La marche du 11 Novembre fut pareille à celle du jour precedent ; on se retira à Koursounou dans un assez beau Caravanserai au delà d’une petite riviere ; c’est un pays de bois et sur tout de Chênes. Le 12 Novembre on arriva à Acsou, qui signifie une Eau blanche.