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Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/59

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valerie est mieux disciplinée que celle qu’on appelle proprement Spahis, quoique les Spahis soient plus lestes et plus vigoureux : ceux-ci ne combattent que par pelotons à la tête des plus anciens cavaliers, au lieu que les Zaims et les Timariots sont divisez par regimens, et commandez par des Colonels sous les ordres des Pachas. Le Pacha d’Alep est le Colonel général de cette cavalerie lorsqu’il se trouve à l’armée, parce qu’étant naturellement le Seraskier de l’armée, c’est à lui à la commander en chef quand le grand Visir n’y est pas.

Je devrois parler ici, Monseigneur, de la milice d’Egypte, mais comme je n’en ai pas fait le voyage, je ne la connois pas assez pour avoir l’honneur de vous en rendre compte. Je passe donc à la Marine dont je me suis informé avec soin à Constantinople et dans les Isles de l’Archipel. Il n’est pas surprenant que les Turcs soient si foibles sur mer, car ils manquent de bons Matelots, d’habiles Pilotes et d’Officiers expérimentez. A peine les Pilotes du Grand Seigneur savent-ils se servir de la boussole, et il n’en est pas question sur les Saïques qui sont leurs vaisseaux marchands. Ils ne comptent que par la connoissance des côtes, qui est fort trompeuse, et ils s’en rapportent ordinairement, dans les longs voyages comme ceux de Syrie et d’Egypte, à des Grecs qui ont fait la course sous des armateurs chrétiens, et qui ont appris par routine à connoître les terres d’Asie et d’Afrique. Cependant si les Turcs vouloient s’appliquer à la navigation, ils se rendroient aisément les maîtres de la Mediterranée, et ils dissiperoient les corsaires qui font tant de tort à leur trafic. Sans compter le secours qu’ils pourroient tirer de la Grece, des Isles de l’Archipel, de l’Egypte, et de la côte d’Afrique ; la mer Noire seule leur fourniroit plus de bois et plus d’a-