Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/613

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tres, dont l’une viend du Nord, et l’autre de l’Est. Elle passe à demi lieuë de Magnesie sous un pont de bois, soutenu par des piles de pierre. Aprés avoir traversé la plaine du Nord Nord-Est vers le Sud, elle fait un grand coude avant que de venir au pont ; et tirant sur le couchant va se jetter dans la mer entre Smyrne et Phocée, comme l’a fort bien remarqué Strabon : au lieu que tous nos Geographes la font dégorger dans le fond du golphe de Smyrne, en deçà de la plaine de Menimen. Cette riviere forme à son embouchûre de grands bancs de sable, à l’occasion desquels les vaisseaux qui entrent dans la baye de Smyrne sont obligez de ranger la côte et de venir passer à la veûë du Château de la Marine.

On passe les Marais qui sont entre l’Hermus et Magnesie sur une belle jettée d’un quart de lieuë de long, dans laquelle on a employé quantité de marbres et de jaspes antiques ; il y en a quelques-uns dans les murailles de la ville, mais nous n’y découvrîmes aucune Inscription. La Plaine de Magnesie, quoique d’une beauté surprenante, est presque toute couverte de Tamaris, et n’est bien cultivée que du côté du Levant : la fertilité en est marquée par une Médaille du Cabinet du Roy ; d’un côté c’est la tête de Domitia, femme de Domitien ; de l’autre un fleuve couché, lequel de la main droite tient un rameau et de la gauche une corne d’abondance. Patin en a donné une d’un semblable type ; aussi Strabon remarque-t-il que l’Hermus est un de ces fleuves qui engraissent les terres par leur limon.

On ne brûle dans cette ville que du bois d’Adrachne que le mont Sypilus fournit. Les marchands Juifs de nôtre Caravane nous obligerent d’y séjourner le 17 Decembre ; et pour nous dédommager du temps perdu, nous firent trouver d’excellent vin chez leurs confreres, à huit