Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/614

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parats les mille dragmes, comme ils parlent ; ces mille dragmes pesent deux Oques, c’est à dire cinq livres. Le froid étoit rude, et la tramontane souffloit cruellement, mais in ne gela pas.

Nous nous amusâmes ce jour-là à herboriser sur le mont Sypilus qui est tout escarpé du côté du Nord, et parmi des touffes de Lauriers-roses et d’Adrachne nous trouvâmes dans les précipices quelques plantes rares que nous avions veûës en Candie, surtout la Jacea.

La Deesse Sypilene avoit pris son nom de cette montagne, ou pour mieux dire Cybele la mere des Dieux, avoit eté nommée Sypilene, parce qu’on la reveroit d’une maniére particuliere dans le mont Sypilus ; ainsi il n’est pas surprenant qu’on voye tant de Médailles de Magnesie, sur le revers desquelles cette Deesse est répresentée, tantost sur le frontispice d’un Temple à quatre colomnes, tantost dans un char. On juroit même, dans les affaires les plus importantes, par les Deesse du mont Sypilus, comme il paroît par ce precieux marbre d’Oxford où est gravée la ligue de Smyrne et de Magnesie sur le Meandre, en faveur du Roy Seleucus Callinicus.

Du haut du mont Sypilus, la plaine paroit admirable et l’on découvre avec plaisir tout le cours de la riviere. Tantôt nous nous representions ces grandes armées d’Agesilaus et de Tissapherne, tantôt celles de Scipion et d’Antiochus, qui disputoient l’Empire d’Asie dans ces vastes campagnes. Pausanias assûre qu’Agesilaus battit l’armée des Perses le long de l’Hermus ; et Diodore de Sicile rapporte, que ce fameux Géneral des Lacedemoniens, descendant du mont Sypilus, alla ravager tous les environs de Sardes. Xenophon prétend que la bataille se donna le long du Pactole, lequel se jette dans l’Hermus.

A l’égard de la bataille de Scipion et d’Antiochus, elle