Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/620

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Religieux. L’Evêque Latin n’a que cent écus Romains de rente ; celui des Grecs a mille cinq cens piastres. Quoique celui des Armeniens ne subsiste que par les aumônes de sa nation, il est le mieux partagé de tous les Prelats Chrétiens. On amasse ces aumônes les Festes et les Dimanches, et on assûre qu’elles montent à six ou sept bourses par an.

La situation de Smyrne est admirable. La ville s’étend tout le long de la marine, au pied d’une colline qui domine le Port. Les ruës y sont mieux percées, mieux pavées et les maisons mieux bâties que dans les autres villes de terre-ferme. La ruë des Francs, qui est le plus bel endroit de Smyrne, regne tout le long du Port. On peut dire que c’est un des plus riches magazins du monde ; aussi la ville est placée comme au centre du commerce du Levant, à huit journées de Constantinople par terre et à 400 milles par eau, à 25 journées d’Alep par Caravanes, à six journées de Cogna, à sept de Cutaye, et à six journées de Satalie.

Il n’y a point de Pacha dans Smyrne, mais seulement un Sardar qui commande deux milles Janissaires logez dans la ville ou aux environs. La Justice y est administrée par un Cadi. La nation Françoise étoit composée en 1702, d’environ 30 marchands bien établis, sans compter plusieurs autres François qui y faisoient un commerce moins considérable. La nation Angloise y étoit nombreuse aussi, et leur negoce étoit florissant.

Dans le temps que nous étions à Smyrne, la nation Hollandoise n’étoit composée que de 18 ou 20 marchands bien établis et fort estimez. Il n’y avoit que deux Genois, qui negocioient sous la Banniere de France. Il y résidoit un Consul de Venise, quoiqu’il n’y eût aucun marchand de cette nation. C’étoit le Signor Lupazzolo