Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/628

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On ne sçauroit mieux désigner la situation de Clazomene, que par les Isles qui sont à l’entrée de la Baye de Smyrne, aprés avoir doublé le Cap de Carabouron. Strabon en compte jusques à huit. Pline ne parle que de quatre ; elles sont prés de la côte en deçà de Château de la Marine. Les Turcs les connoissent sous le nom des Isles de Vourla.

Pausanias assûre que Clazomene étoit en terre ferme, et que les Ioniens la fortifiérent pour arrêter les conquêtes des Perses ; cependant ils furent si épouvantez de leurs progrés, aprés la prise de Sardes, qu’ils passerent dans une des Isles qui étoit vis à vis de la ville, s’y croyant beaucoup plus en seûreté, parce que les Perses n’avoient pas encore de Flotte. Ensuite Alexandre le Grand en fit une Peninsule par une jettée de 250 pas de long, sur laquelle on alloit de l’Isle à la terre ferme. Pour éviter le grand et dangereux tour de Carabouron, ce grand Prince fit ouvrir une plaine au travers du mont Mimas, laquelle conduisoit à Erythrée, fameuse ville et port de mer vis à vis Scio ; en sorte qu’ayant débarqué à Erythrée, on passoit par ce nouveau chemin à Clazomene, de même que l’on débarque aujourd’hui à Seagi pour venir par terre à Smyrne, sans entrer dans la Baye. Peut-être que Seagi est un nom corrompu de Teus, car la pluspart des Grecs prononcent le T comme un S ; de Teus on a fait Seus, et puis Seagi. C’est le pays du bon vin ; nous avons une Médaille d’Auguste à la legende de cette ville, dont le revers répresente Bachus debout, vêtu en femme, tenant une cruche de la main droite, et le Thyrse de la gauche : on a marqué par flaterie autour de la tête d’Auguste, qu’il étoit le fondateur de cette ville.

Les anciens appelloient Mineas toute la chaine de montagnes, qui occupe la Peninsule qu’ils nommoient Myon-