Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/640

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l’on voit les restes d’une grande et ancienne muraille de maçonnerie, laquelle a servi d’aqueduc, comme prétendent les gens du pays, pour conduire les eaux à Smyrne.

De la plaine de Tcherpicui jusques à Ephese, ce n’est qu’une chaîne de montagnes dont les bois et les défilez sont pleins de voleurs dans la belle saison. Nous n’y trouvâmes que des Cerfs et des Sangliers ; mais nous fûmes surpris agréablement de voir des collines couvertes naturellement de beaux Oliviers, lesquels sans culture produisent d’excellens fruits, et ces fruits se perdent faute de gens qui les amassent. En approchant d’Ephese sur la droite, ces montagnes sont horriblement taillées à plomb, et font un spectacle affreux. On passe le Caystre à demi lieuë en deçà d’Ephese. Cette riviere, qui est fort rapide, coule sous un pont bâti de marbres antiques, et fait moudre quelques moulins. On entre ensuite dans la plaine d’Ephese, c’est à dire dans un grand bassin enfermé de montagnes de tous les côtez, si ce n’est vers la mer ; le Caystre serpente dans cette plaine, mais il s’en faut bien que ses contours ne soient aussi frequens que dans le dessein que Mr Spon en a donné ; et ceux du Meandre qui sont bien plus entortillez, n’approchent pas des contours que la Seine fait au dessous de Paris ; je suis surpris que nos Poëtes ne les ayent jamais décrits. Le Caystre a été répresenté sur des Médailles ; on en voit aux têtes des Empereurs Commode, Septime Severe, Valerien et Gallien.

Nous cherchâmes inutilement une autre riviere, dont les anciens ont parlé, laquelle arrosoit les environs d’Ephese ; sans doute qu’elle se jette dans le Caystre, plus haut que le Pont. En effet on nous assûra à Ephese que le Caystre recevoit une riviere assez considérable, au delà des montagnes du Nord-Est ; ce qui s’accommode fort