Page:Tournefort Voyage Paris 1717 T2.djvu/643

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bien avec une Médaille de Septime Severe, sur laquelle le Caystre est representé sous la forme d’un homme, comme étant un Fleuve qui se dégorge dans la mer ; et le Kenchrios, qui est la riviere dont il s’agit, sous la figure d’une femme, pour marquer qu’elle se jette dans l’autre. Outre ces deux figures, la Diane a plusieurs mamelles est representée d’un côté sur le même revers, et de l’autre est une corne d’abondance. Tout cela marque la fertilité que ces deux rivieres procuroient au terroir d’Ephese. La Seine et la Marne qui amenent tant de richesses à Paris, meriteroient bien, ce me semble, une Médaille.

C’est une chose pitoyable de voir aujourd’hui Ephese, cette ville autrefois si illustre, qu’Estienne de Bysance appelle Epiphanestate, réduite à un miserable village habité par 30 ou 40 familles grecques, lesquelles certainement, comme remarque Mr Spon, ne sont pas capables d’entendre les Lettres que S. Paul leur a écrites. La menace du Seigneur a eté accomplie sur elle. J’oterai vôtre chandelier de son lieu, si vous ne vous repentez. Ces pauvres Grecs sont parmi de vieux marbres et contre un bel aqueduc bâti des mêmes pierres. La Citadelle, où les Turcs se sont retirez, est sur un tertre qui s’étendant du Nord au Sud, domine toute la plaine ; c’est peut-être le Mont Pion de Pline. L’enceinte de cette Citadelle, qui est fortifiée par plusieurs Tours, n’a rien de magnifique ; mais à quelques pas de là du côté du Midi, on voit les restes d’une autre Citadelle plus ancienne, beaucoup plus belle et dont les ouvrages étoient revêtus des plus beaux marbres de l’ancienne Ephese.

Il y reste encore une Porte de fort bon goût, bâtie des mêmes débris. Je ne sçai par quelle raison on l’appelle la Porte de la Persecution. Elle est remarquable par trois bas-